Il est probable que, en temps normal, je n’aurais pas visité une exposition de Josep Maria Solà. D’abord parce que son nom m’était totalement inconnu (et voilà … on sait à quel point se faire un nom est difficile dans le monde de l’art en dehors de sa propre région !). Ensuite parce que l’affiche qui annonçait cette expo ne m’inspirait pas et ne correspondait probablement pas à mes propres centres d’intérêts. Cependant, quand je suis à Argelès sur Mer, je fais confiance au travail de la Galerie Marianne qui propose toujours des artistes très personnels et originaux. Je suis donc entrée en toute confiance dans la Galerie qui présentait jusqu’au 22 mai le travail de Josep Maria Solà.

Ce qui frappait dès l’entrée dans cette exposition, quand la vision est encore globale, c’est le traitement quasiment hyperréaliste des paysages présentés, façon carte postale, et

l’impression de voir des photographies. Le format aussi est particulier : des toiles plus longues que larges ou quasiment carrées. Puis dans un deuxième temps, le regard est attiré par une présence exceptionnelle de la lumière, sorte de jaillissement. Même les toiles placées dans certaines zones plus sombres s’éclairent comme de l’intérieur. Mais si l’on s’avance, on remarque tant le souci du détail que la technique hyper maîtrisée. A coups de petites touches, qui font penser dans certains tableaux à des manières pointillistes, avec une matière économe, mais néanmoins présente, et des aplats qui s’imbriquent pour construire des nuances chromatiques complexes.

Voilà comment j’ai découvert un peintre qui se revendique de l’Ecole catalane paysagière d’Olot, créée au XIXème siècle (à Olot non loin de Gerona, en Catalogne espagnole) par Joaquim Vareyda et qui, inspirée par l’Ecole française de Barbizon, va donner au paysage – essentiellement régional – un rôle de protagoniste central. De nombreux artistes ont adhéré – et avec succès – à l’esthétique de l’école d’Olot, tout au long du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui. C’est le cas de Josep Maria Solà, diplômé en 1996 de l’Ecole d’arts appliqués d’Olot (peinture murale). La réussite de ses premières expositions lui permet de se consacrer exclusivement à la peinture. De paysages, bien entendu.
Pour choisir ce qu’il va fixer sur la toile, Solà observe abondamment et photographie l’endroit qu’il va peindre à différents moments du jour avant de choisir l’instant privilégié qu’il gardera et traduira. De son propre aveu, Solà n’aime peindre ni le déchainement de la mer ni l’excessive sérénité du désert. Il préfère les montagnes, les champs, les sous-bois ou les panoramas propres à sa région ou à d’autres lieux proches.
Et pour expliquer l’accrocheuse qualité de sa lumière, il se réfère à sa technique privilégiée, le contre-jour, « moment précis où les couleurs primaires et secondaires s’affirment, plans et distances visuelles se différencient tandis que les volumes se font plus marqués » .
J’ai été assez peu sensible, il est vrai, à certains paysages « typiques » de la région. Par contre j’ai vraiment eu un coup de cœur pour deux toiles, très différentes :

une vue de mer – très universelle, des Calanques à la baie d’Halong, bien qu’empruntée aux rivages catalans – et un verger dont la lumière en arrière-plan, traversant les frondaisons, confère à l’ensemble une sorte d’abstraction qui le sublime et lui donne des airs éthérés, façon Monet.

Jusqu’au 7 juillet à la Galerie Marianne: Valérie Depadova (technique mixte, naïf)
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Photos © Amélie Haut
Tes deux choix sont indéniablement remarquables Je pense que leur face à face m’aurait également impressionnée.
Merci Xtine.Tu soulignes aussi, entre parenthèses, une chouette démarche que celle de la pure découverte.
Bonheur de te lire.
A bientôt.
YV.
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