Écrire (lignes)

La grande passion de Marcel Defoin a toujours été la littérature dont il a été un consommateur boulimique dès l’adolescence. Etudiant moyen à l’Athénée de Charleroi, il est brillant en français et en histoire. Dans les années 50, il est membre de toutes les bibliothèques de Charleroi qu’il écume, et surtout celle de l’Université du Travail. Il devient l’ami des bibliothécaires – en particulier Jacques Lanotte, jusqu’à il y a peu Directeur des Affaires Culturelles de la Province du Hainaut – qui lui préparent, chaque semaine, son lot d’ouvrages, souvent historiques. Il visite régulièrement le musée archéologique de la ville (aujourd’hui disparu) dont il est un « membre distrait », comme il se plaît à se définir lui-même. Il rêve devant les objets poussiéreux, leur inventant un sens, une histoire. Il se plaira d’ailleurs à raconter que c’est dans ce petit musée mal entretenu, situé à l’époque Boulevard Audent (en face de l’Ancien Eden),

Notre-Dame de Kazan St Pétersbourg
Notre-Dame de Kazan St Pétersbourg

qu’il a découvert la vieille icône russe de la Vierge de Kazan, en très mauvais état, qui lui inspirera la trame de son premier roman.

 

«  Un soir, seul dans un coin plein d’ombre, en remettant de l’ordre parmi une vitrine dont le couvercle reposait sur ma tête, je sentis comme un appel, un message. C’était venu dans le silence au moment où je saisissais une petite icône de la Vierge, de style byzantin, encadrée d’un volet de cuir. Elle portait au revers, à côté d’une croix grecque, « Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Charleroi – Icône en argent ayant appartenu à un officier russe mort ici en 1813 N° 521 ». Elle reposait sur un carnet de toile grise entouré deux fois d’un mince cordon. Une inscription y était attachée « Carnet de notes d’un officier français du Premier empire N° 521 bis ».Quelle union liait les deux reliques répertoriées sous des numéros complémentaires ? Sans aucun doute j’avais ferré une aventure du passé, je le sentais confusément… »

Dès le milieu des années 50, il passe à l’acte. Il dépasse la peur de la page blanche qu’il évoquera souvent et se met à écrire son premier roman qu’il situe, donc, sous l’empire napoléonien, dans la région de Charleroi et en Russie !

Anastasia tendre colombe, 1ère édition de Meyere
Anastasia tendre colombe, 1ère édition de Meyere

En 1961, il achève le premier volet de ce qui deviendra une trilogie romanesque car dès la parution de « Anastasia, tendre colombe » aux Editions Pierre de Méyère en 1961, le succès est au rendez-vous. Le roman reçoit des éloges de José André Lacour, Jean Fiévet (Le Rappel) parle à son propos d’un « boum » dans l’édition belge, JEP (Journal de Charleroi) de « retentissants premiers pas » et Maurice Moreau (La Nouvelle Gazette) de « livre en vogue, d’un grand intérêt ».

 

Le même éditeur publiera le deuxième volume, « Les amours d’Anastasia », dès 1963. Ce sont les Editions Dantinne, qui publient le troisième volume « Une femme merveilleuse » en 1969 seulement et rééditent la trilogie.

Anastasia tendre colombe, éditions Dantinne
Anastasia tendre colombe, éditions Dantinne

Anastasia II (2) Anastasia III

 

Entre-temps, Marcel Defoin a entrepris la rédaction d’une vaste fresque en cinq volumes consacrée … à l’année 1914 !  Depuis que je respire, je n’entends parler que de bataille et de mobilisation. Tout ce que j’écrirai encore en sera imprégné, je le sais, avait-il pressenti, le 2 in 1961, dans une interview accordée à Jean Fiévet.

« Les feux de l’été » paraît en 1963 chez Publimonde et à nouveau les critiques sont unanimes :  écrivain audacieux et de qualité ,  livre passionnant

« Les colères de l’automne », « Les rafales de l’hiver », « L’éveil du printemps » suivront entre 1964 et 1970 et lui permettront de dire enfin cette année terrible et la boucherie qui s’en suivra. Il n’aura de cesse de faire traduire cette partie de son œuvre en flamand, en hommage à ses camarades soldats. « Zomergloed » sort en 1967.

Le cinquième tome ne paraitra pas mais ce blog vous donne l’occasion exceptionnelle de le découvrir dans une version presque terminée. Il s’agit de « La folle époque »  dont la lecture n’aurait pas été possible sans l’aide de Marie-Pierre Devaux.

En 1965, Marcel Defoin exploitera l’énorme masse de matériaux rassemblés pour écrire sa trilogie romanesque et rédigera, à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de la bataille, un volume intitulé « Waterloo » publié aussi chez Publimonde. Dans un étonnant article paru le 3 juin 1965, Maurice Moreau fait un parallèle avec le « Waterloo » d’Erkcmann- Chatrian et se dit « enthousiasmé par le délicieux conteur qu’est l’enfant de chez nous » !

Marcel Defoin devient le collaborateur de quotidiens comme La Nouvelle Gazette ou le Journal de Charleroi ou d’hebdomadaires comme Samedi ou Le Métropolitain dans lesquels il publie des séries historiques (le plus souvent sur les deux guerres mondiales) ou des articles consacré à des figures de légende (Marie-Antoinette, La Vénus de Milo ou . Certains quotidiens régionaux publient ses romans sous forme de feuilleton avec un succès considérable à en juger par le courrier des lecteurs. Il est invité à présenter des conférences et intervient dans de nombreux cercles.

Dès 1962, il parle dans ses interviews d’un roman sur la lâcheté situé pendant la guerre américano-japonaise de 40-45. Mais « Sadao » ne paraît pas car l’époque napoléonienne et la guerre 14-18 ont accaparé Marcel Defoin.

Il revient vers ce roman et le réécrit à la fin des années 90. Cependant, la vague des romans historiques est passée et il ne le fera pas publier . Grâce à Marie-Pierre Devaux, vous pouvez découvrir le texte inédit de « Sadao » en exclusivité sur ce blog!

Il commence une biographie romancée de Christophe Colomb qui restera inachevée.

Marcel Defoin écrit aussi des pièces de théâtre dont plusieurs seront l’objet d’adaptation radiophoniques.

 

 

 

Anastasia, tendre colombe ;Editions Pierre de Méyère, Collection Visages, Bruxelles, 1961

Les amours d’Anastasia ; Editions Pierre de Méyère, Collection Visages, Bruxelles, 1963
Anastasia, tendre colombe ;Editions Dantinne et Dessain,La Louvière – Paris, 1968
Les amours d’Anastasia ; Editions Dantinne, La Louvière, 1968
Une femme merveilleuse ; Editions Dantinne, La Louvière, 1969

Les feux de l’été ; Editions Publimonde, Bruxelles, 1963
Les colères de l’automne ; Editions Publimonde, Bruxelles, 1964
Les rafales de l’hiver ; Editions Publimonde, Bruxelles, 1968
L’éveil du printemps ; Editions Publimonde, Bruxelles, 1970
Zomergloed, Editions Publimonde, Bruxelles, 1967

Waterloo ; Editions Publimonde, Bruxelles, 1965

Sadao

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.