Peindre (signes)

Si la lecture est la grande passion de Marcel Defoin, la peinture ne le laisse pas indifférent non plus. Nostalgique de sa région d’Auvelais, il achète, après s’être installé à Charleroi, plusieurs toiles du peintre Jean-Baptiste Scoriel

Ferme sous la neige (J.B. Scoriel)
Ferme sous la neige (J.B. Scoriel)

et de nombreux autres petits tableaux inspirés par les berges de la Sambre, comme les petits tableaux d’un certain Evrard ou une vue de la Sambre à Tamines de A. Papier .

La Sambre (Evrard)
La Sambre (Evrard)
Entre Sambre et Meuse (Evrard)
Entre Sambre et Meuse (Evrard)
Nature morte (M. Delmotte)
Nature morte (M. Delmotte)

 

Il découvre le travail de Marcel Delmotte et celui de Verhaegen. Les peintres régionaux l’intéressent. Il achète de nombreux livres d’art et  se met aussi à acheter des toiles de peintres qu’il côtoie de plus en plus.

 

En 1967, il est accaparé par l’écriture. Son éditeur le presse d’achever sa série sur la guerre 14-18. Cet intellectuel autodidacte à l’esprit créateur protéiforme, décide d’aborder l’univers de la peinture comme une manière de se ressourcer avant de revenir à l’écriture. Il se cherche un maître et le trouve en la personne de Thomas Deputter, peintre  né à Middelkerke où Marcel Defoin passe ses étés à partir de 1956.

Thomas Deputter, Jour de marché
Thomas Deputter, Jour de marché

L’œuvre de Deputter est profondément ancrée dans la terre de Flandre à laquelle, d’ailleurs, Marcel Defoin restera particulièrement attaché jusqu’à la fin de ses jours.

 

 

Aussi longtemps qu’il le pourra, chaque année, il répètera les gestes qu’il décrivait déjà dans l’introduction des « Feux de l’été » : « Je me réserve quelques journées et je parcours seul, à nouveau, le front des Flandres. (…) Les minuscules villages flamands sont minces comme des traits étirés dans la plaine. Jamais je n’ai éprouvé là de tristesse. Tout y est paisible et éternel, à l’écoute des ordres de Dieu… »

Ce qu’il écrit en 1964, il va le mettre sur la toile deux ans plus tard car Thomas Deputter lui apprend justement à peindre, au couteau le plus souvent, ces villages flamands étirés et comme écrasés par le ciel, et qu’il va, désormais, arpenter, sa toile et ses pinceaux dans sa besace de soldat qu’il n’a jamais abandonnée. Il peint aussi des marines nostalgiques, aux bateaux échoués sur le sable, des dunes alanguies sous la pluie. Mais très vite, Marcel Defoin sent l’appel des couleurs vives, de la matière épaisse. Il peint alors des ducasses, des rondeaux de gilles, des marchés presque méditerranéens, des bouquets de fleurs éclatants… Et des paysages de la Basse-Sambre autour d’Auvelais, la région de son enfance qu’il n’a cessé d’aimer. Pour  découvrir toutes ces toiles, reportez-vous à l’onglet « Galerie »!

Il expose aussi, chez son ami le peintre, sculpteur et poète André Pirmez dont la galerie Vivart à Gosselies accueillera ses oeuvres à plusieurs reprises au cours des années 70 (1977) et 80. Là encore le public est au rendez-vous. « Marcel Defoin vous présente des œuvres d’une très belle puissance d’expression et de couleur », « il exerce son art avec une maîtrise exceptionnelle mariant la diversité avec bonheur » peut-on lire dans des quotidiens de la région lors de sa première exposition en 1977. Et en 1978, « sa peinture a évolué, elle a mûri… Il s’y entend parfaitement pour mettre sur la toile la poésie d’un petit coin de terre… ».

Ses toiles se vendent bien, tant dans la région qu’auprès de clients étrangers. Il devient critique artistique dans Le Métropolitain, journal carolorégien fondé par René-Pierre Hasquin (décédé le 7 mai 2015).

Au cours des années 80, il sera de plus en plus tenté par la déconstruction du sujet puis par l’abstrait et le travail sur les couleurs. Il aime particulièrement l’encre d’imprimerie épaisse et brillante dont il mêle les tons purs.

Au milieu des années 90, la maladie de Dupuytren, qui provoque une contracture de la main, l’empêche de tenir les pinceaux et, la mort dans l’âme, il doit cesser de peindre.

2009, la rétrospective

Le Petit Robert nous le dit : une rétrospective présente l’ensemble des productions et l’évolution d’un artiste depuis ses débuts. Pourtant, par un paradoxe étrange, c’est l’idée de dispersion qui est à l’origine de la rétrospective que j’ai pu conscarer au travail de mon père. Les étapes de la vie m’ont amenée, en 2008, à devoir vider son atelier, où je n’étais plus entrée depuis des années. J’y ai trouvé de nombreuses toiles en plus de celles qui étaient déjà accrochées à tous les murs de notre maison familiale, chez moi ou, même, chez des amis et connaissances qui avaient acheté des tableaux lors des expositions que mon père avait faites dans les années septante et quatre-vingts. J’étais pleine d’émotion mais aussi de désarroi devant la décision à prendre : que faire de tout cela ?

C’est mon amie, Annette Verbeke, qui m’a donné l’idée de la rétrospective. J’avais souhaité lui offrir une toile de mon père. Gabriel Zaid pense qu’offrir un livre, c’est offrir une corvée car vous contraignez l’autre à une action qu’il ne souhaite probablement pas : lire le livre et en parler avec vous. La corvée est plus grande encore lorsque vous offrez un tableau : il faut lui trouver une place et accepter de l’avoir sous les yeux jour après jour! Vous ne pouvez jouer ce tour qu’à vos plus grands amis ! Alors qu’elle se promenait dans la grande maison vide en quête de la toile qui lui plairait, Annette a dit la phrase qui a tout déclenché : « Quel dommage que d’autres n’aient pas l’occasion de voir tout ça, rassemblé, encore une fois ! »

C’était en mai 2008. Le printemps jaillissait dans le jardin que mon père adorait. J’ai pensé que je lui devais cet hommage avant de me séparer définitivement des toiles et de les disperser vers ceux qui les accueilleraient avec plaisir. L’idée de la rétrospective était née. Etonnamment, elle m’a permis de rencontrer un véritable peintre avec ses questionnements sur la matière, sur la déconstruction du sujet, sur l’abstraction… Je n’avais vu pendant tant d’années qu’un peintre du dimanche, je découvrais un artiste vrai, qui, une fois de plus, me bluffait par son intelligence et sa puissance. Je me suis plongée dans l’œuvre, je l’ai organisée – avec l’aide de mes chers amis Christian et Annie Saussez –  pour la présenter en 2009 dans ce beau lieu classé qu’est l’Atrium de l’Université du Travail à Charleroi, et je n’avais qu’un souhait : que les regards – nombreux – viennent la faire vivre, encore. Elle a rencontré un succès inestimable ! Hommage à Marcel Defoin

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2 réflexions au sujet de « Peindre (signes) »

  1. JE POSSEDE UN TABLEAU DE JB SCORIEL QUE JE VEUX VENDRE
    LA VIEILLE REMISE DE 1927 DIM 18/24CM HORSCADRE
    CONNAISSEZ VOUS QUELQUUN QUI SERAIT INTERESSE
    MERCI

    J’aime

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