1. Choisis ton sujet avant d’acheter la toile
Avant toute chose, on décidera du sujet que l’on va traiter. Cela ressemble à une Lapalissade mais de ce sujet dépendront les dimensions de la toile (rectangle ou carré, monumentale ou pas) ou son orientation (paysage ou portrait). Si l’on travaille à partir d’une photo, il sera peut-être nécessaire – avant l’achat de la toile – de recadrer le sujet en fonction du format que l’on veut privilégier.
On aura aussi le choix entre plusieurs types de matériau dont les gammes varient beaucoup, du synthétique, au coton ou au mélange lin/coton jusqu’au lin.
Mon conseil :
Si vous travaillez à partir d’une photo prise sur Internet, prenez bien toutes les précautions nécessaires pour qu’elle soit totalement libre de droit ! Vous risquez vraiment des ennuis juridiques dans le cas contraire. Lisez l’article publié sur ce blog à ce propos.
Si vous travaillez à partir d’une photo personnelle qui se trouve dans votre ordinateur, n’hésitez pas à tester différents formats ou à recadrer avec la commande « rogner ». Ainsi vous pourrez facilement voir si la photo que vous vouliez utiliser en format rectangulaire ne présente pas plus d’intérêt en carré ou dans un format moins fréquent.
Si vous travaillez à partir d’une composition, n’hésitez pas à enlever des éléments, à alléger pour garder un point focal, un objet vers lequel le regard converge. (Lisez l’article consacré à la composition sur ce blog). Cela vous aidera aussi à déterminer le format. En tous cas, pour choisir un format, ne vous précipitez pas !
Un autre conseil : Même si les toiles synthétiques sont les moins chères, bannissez les ! On peut trouver des toiles bon marché dans certaines grandes surfaces mais avant d’acheter vérifiez toujours la composition. Et si vous avez le choix, privilégiez une toile à grain fin. Par ailleurs, ne croyez pas que, parce que vous débutez, une toile bon marché « suffira » ! D’expérience, je sais qu’une toile 100% coton est préférable à une mauvaise toile pas chère et aide considérablement le travail.
2. Prépare ta toile avec attention
J’ai traité ce sujet dans un article auquel on se reportera avec profit. On y lira qu’il faut préparer soigneusement la toile, de quelque matériau qu’elle soit ! Ce n’est qu’une fois la toile prête que l’on peut commencer! On consultera aussi l’article consacré sur le blog à la façon de placer les onglets qui permettent de tendre la toile, ce qui rend le travail plus aisé.
3. Prépare ta palette de couleur et au moins trois nuances de chaque couleur
Dans le cas présent, on travaille à l’acrylique (éventuellement à l’alkyd), avec les couleurs de base suivantes : rouge de cadmium moyen, bleu outremer, jaune citron, terre d’ombre naturelle, terre d’ombre brulée, terre de sienne naturelle, terre de sienne brûlée, noir de mars et bien sûr … blanc. Avec ces 9 couleurs de base, on peut pratiquement réaliser toutes les nuances (voir point 4 de ce décalogue).
Mon conseil :
Placez l’équivalent d’une grosse noisette (un peu moins à l’alkyd) de ces couleurs de base sur une palette qui servira de référence et faites vos mélanges sur une autre palette. Personnellement, comme nous le faisons à l’Atelier Isara, je travaille sur des assiettes cartonnées ou en plastique. En tous cas, il est plus pratique, plus propre et efficace de faire ses mélanges sur un autre support que sur la palette initiale des couleurs car, de cette façon, les couleurs de base ne sont pas souillées et l’on peut y retrouver les tons purs.
AVANT de commencer, préparez AU MOINS 3 nuances pour chacun des tons que vous allez utiliser : clair, moyen, foncé. Par exemple, si vous peignez un arbre sur un fond de mer, il faudra d’abord préparer 3 nuances de vert et 3 nuances de bleu.
4. N’oublie jamais la hiérarchie des couleurs …
Couleurs primaires : rouge(1), bleu (2), jaune (3)
Couleurs secondaires : violet (1+2), vert (2+3), orange (1+3 )
Complémentaires : vert (2+3) complémentaire du rouge, orange (1+3) complémentaire du bleu, violet (1+2) complémentaire du jaune.
C’est grâce à ces lois que peuvent se faire les mélanges et les nuances !
5. Méfie-toi du blanc ! Méfie-toi du noir !
Dans la nature, rien n’est jamais blanc pur ni noir pur. Il faut donc bien observer le sujet et l’on verra aisément comment le blanc et le noir sont toujours « cassés » par une autre couleur provenant des reflets des objets ou des zones proches. L’ombre n’est donc jamais noire et la lumière jamais blanche.
Mon conseil :
Tous les noirs sont différents, noir de mars, noir de fumée, noir d’ivoire, gris de payne. Tous ont des nuances différentes. Par exemple, le gris de payne donne une coloration bleutée. Il faut donc apprendre à bien les connaître et les choisir en fonction de l’effet souhaité !
6. N’utilise pas des pinceaux trop fins
Quand on commence à peindre, on a tendance à utiliser des pinceaux fins car ils donnent l’illusion d’une certaine maitrise. Mais ils laissent des lignes ou des traits sur la surface peinte et c’est parfois difficile de réunifier la zone par la suite.
Mon conseil :
Composez-vous un matériel de base qui, selon moi, doit comporter au moins :

3 pinceaux à bout carré (10, 14, 1’’), 3 langues de chat (12,10, 6), 3 pinceaux fins (5/0, 2/0 ou plus), 1 pinceau en biais (16), 1pinceau pointu, 1 spalter, 3 putois (16,12,6). Pour les pinceaux et le spalter il n’est pas besoin d’investir de grosses sommes au départ.
On peut trouver des pinceaux bas de gammes dans certaines grandes surfaces qui conviennent très bien au début. Un spalter bon marché conviendra tout aussi parfaitement. Pour ce qui est des putois, leur prix est assez élevé et on ne les trouve qu’en magasin spécialisé mais l’investissement en vaut vraiment la peine.
Les pinceaux représentent un petit investissement, il est donc indispensable de bien les ENTRETENIR (avec du savon de Marseille, par exemple) !
Budget prévisionnel pour constituer le matériel de base afin d’entreprendre la première œuvre (soit : une toile coton de grande surface, 9 couleur de base acrylique, deux set de pinceaux de grande surface, un spalter de grande surface, trois putois, un paquet d’assiettes en plastique, un tablier…) compter une centaine d’euros !
7. Travaille toujours de l’arrière à l’avant-plan
Le sujet se travaille toujours par couches. On traite d’abord tout ce qui se trouve à l’arrière-plan et l’on progresse vers ce qui est le plus proche de l’avant-plan. C’est frustrant car, au début, on a envie d’attaquer le sujet central au plus vite mais c’est obligatoire pour ne pas commettre d’erreur de perspective ou pour ne pas devoir « repasser » sur un travail déjà avancé afin de retravailler le fond. Une leçon de patience !
Dans le même ordre d’idée, il faut commencer à travailler l’intérieur d’un contenant avant de travailler le contenu. Par exemple, si vous voulez peindre un verre de vin, il faudra, après avoir tracé les contours sur la toile, commencer par peindre le vin avant de peindre le verre…
8. Apprends à flouter
Sauf à vouloir faire un effet d’optique ou abstrait, dans les peintures anciennes les zones de couleurs ne sont pas juxtaposées les unes aux autres comme dans un puzzle. Elles empiètent au contraire très légèrement les unes sur les autres et se mélangent, ce qui paradoxalement donne un effet de séparation entre les couleurs. C’est la technique du floutage, une technique ancestrale qui consiste à faire s’interpénétrer deux ou plusieurs zones. Apprendre à flouter n’est pas simple, mais c’est là où les putois constituent une aide de choix.
Au fil du temps, on pourra se procurer un blaireau, outil particulièrement efficace pour flouter, mais qui est très couteux ! (Compter 70 à 80 euros pour un petit modèle !)
9. Travaille les ombres et lumières
A la fin, quand on pense que le tableau est presque terminé… c’est à ce moment-là qu’il faudra insister sur les zones d’ombre et sur les touches de lumière (sans utiliser le blanc pur, évidemment !)
Mon conseil :
Chacun doit trouver ce qui correspond à son degré personnel d’intensité en matière d’ombre et de lumière. Personnellement, j’aime bien les ombres très marquées et contrastées et les touches de lumière assez tranchantes. Mais j’opterai pour des ombres délicates ou de la lumière diffuse si c’est nécessaire en fonction du sujet ou de son traitement.
10. Ne désespère jamais ! Tout peut se corriger !
Et quand vous considérerez le tableau comme terminé, il vous faudra choisir une belle signature ! Et réaliser les dernières finitions avant d’encadrer … Mais c’est encore une autre histoire !
Article enrichi par les judicieuses remarques de Cécile Payen!
Photos © Amélie Haut
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