archiver (alertes aux livres)

Les disparus du phare

Peter May (Rouergue Noir, traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue, 2017)

Un homme reprend conscience sur une plage d’une île d’Ecosse. Il a perdu la mémoire et ignore jusqu’à son nom. Mais les habitants de l’île, qui semblent bien le connaître, lui donnent assez d’indices pour savoir dans quel cottage il vit depuis dix-huit mois sous le nom Neal Maclean, avec son chien Bran. Il passe pour écrire un roman sur les disparus du phare des îles Flannan. Mais il ne trouve aucune trace du manuscrit, n’a pas de papiers ni de permis de conduire, découvre une valise remplie de billets qui lui permettent probablement de subvenir à ses besoins et perçoit confusément qu’un drame se joue dans lequel il est impliqué. Il entreprend alors de reconstruire son identité et muni d’une vielle carte routière annotée découvre des ruches cachées à la vue de tous, mais qui lui semblent très familières. A quoi servent ces ruches? Neal est-il un fugitif recherché ? Un témoin poursuivi ? Un assassin ? De son côté, à Edimbourg, la jeune Karen Fleming ne s’explique pas le suicide de son père, Tom Fleming, survenu il y a un peu plus de deux ans, et elle entame un long périple pour comprendre le sens de ce geste. Elle apprend bientôt qu’il étudiait l’effet des pesticides sur la disparition des abeilles… Un thriller passionnant de bout en bout qui mêle avec justesse le suspense et la dénonciation de la catastrophe annoncée imposée aux abeilles par l’économie mondiale.

Avant les tournesols
Sarah Berti (Editions Luce Wilquin, 2018)

Lena Orioles est belle, solaire, attirante, libre et son boulot de guide à la Ville de Mons la comble autant que ses 3 enfants Solal, Sméralda et Paloma la toute petite dernière. Aussi lorsqu’elle est assassinée, en 2006, en présence du bébé, et qu’Antoine Jankovic, son amant éconduit, avoue le crime, personne ne cherche plus loin que le crime passionnel. Dix ans plus tard un témoignage vient innocenter Antoine qui va probablement être libéré. C’est plus que ne peut en supporter Sméralda qui refuse cette possibilité et va tout mettre en œuvre pour l’empêcher. Mais tous ses efforts pour prouver la culpabilité d’Antoine vont déboucher sur de bien étonnantes découvertes. Très joli roman choral alternant les époques et les voix, Avant les tournesols fait aussi la part belle à la ville de Mons et est traversé, de manière originale, par la figure de Van Gogh, fil rouge de l’intrigue. Voilà une vraie voix du polar belge, tout en nuances et en approche psychologique, qui mériterait d’être mieux connue !
Le Hibou
Samuel Bjork (JC Lattès, 2016, Pocket 2017, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud)
Pour toute une série de mauvaises raisons Holger Munch n’est pas vraiment passionné par sa nouvelle enquête

 

Piégée
Lilja Sigurdardottir (Métaillié, 2017, traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün)

Quand elle a couché avec Agla, une collègue de son mari et que celui-ci les a surprises en pleine action, Sonja Gunnarsdóttir imaginait bien que sa vie allait changer. Mais elle ne savait pas à quel point ! Evidemment, Adam a aussitôt demandé le divorce et la garde de Thomas leur fils. Pour obtenir la garde alternée, Sonja a dû engager un avocat mais, incapable de payer les honoraires, elle s’est laissée piéger et, désormais, elle joue les mules pour un réseau de narcotrafiquants qui importe de la drogue en Islande. Contre toute attente elle est devenue une mule très efficace et douée pour tromper les contrôles de l’aéroport de Keflavik ! Pourtant, ses fréquents voyages de femmes d’affaires intriguent Bergi, le vieux douanier zélé qui refuse de partir à la retraite. En secret, Sonja met en place un projet pour se libérer de l’emprise de l’avocat. Elle approche du but, jusqu’au jour où elle se fait arrêter par Bergi ! Premier volume d’une trilogie… on attend la suite avec impatience !

Marquée à vie
Emelie Schepp (Haroer et Collins poche, 2018, traduit de l’anglais USA par Louis Poirier)

Un enfant shooté à l’héro abat un haut responsable de l’immigration suédois avant d’être lui-même assassiné. A l’autopsie on découvre un nom scarifié sur sa nuque : Thanatos, le dieu de la mort. Le lieutenant Maria Bolander et l’inspecteur chef Henrik Levin se perdent en conjecture devant ce qu’ils pressentent comme une affaire monstrueuse. La procureure Jana Berzelius, elle, n’a pas d’autre choix que de mener une enquête secrète parallèle car, sur sa propre nuque, elle porte un nom scarifié, Ker. Comment retrouver un passé qui lui revient par flashes cauchemardesques sans perdre sa vie actuelle où elle a trouvé un équilibre sans mémoire du passé ? Voilà un polar très noir qui rend compte de l’horreur de la traite des êtres humains à travers un projet mafieux à peine concevable. Un noir de noir qu’on ne peut lâcher malgré l’effroi qui remplit et atterre.

Chacun sa vérité

Sara Lövestam (Robert Laffont, 2018, traduit du suédois par Esther Sermage),

Pour se vendre, certains produits se revendiquent du slogan bien connu « vu à la télé ! ». Le roman de Sara Lövestam pourrait utiliser la variante  « entendu à a radio » ! Car il est probable que sans Michel Dufranne vantant les mérites de Chacun sa vérité dans sa chronique du vendredi à 6h55 sur La Première, je ne vous recommanderais pas le premier volet de la tétralogie que la Suédoise consacre à son détective Kouplan. Ciel ! Encore un polar nordique ? Certes, mais un bon roman nordique, original, et qui, d’ailleurs, ne devait pas, au départ, être étiqueté polar. Un journaliste, émigré iranien en Suède, ne trouve rien de mieux que de devenir détective alors qu’il est sans papier et que, pour survivre, il doit se fondre jusqu’à disparaitre dans les méandres de Stockholm. C’est dire si ses clients seront, eux aussi, peu désireux d’avoir affaire à l’administration. Comme cette mère dont la fillette de six ans a disparu et qui préfère (mais pour quelles raisons ?) éviter de recourir aux force de police pour la retrouver. Un roman au rythme lent, envoûtant, presque concentrique, où la vérité affleure pas vagues successives et oppressantes. Une découverte à suivre.

En vrille

Deon Meyer (Seuil 2016, Points 2017, traduction de l’afrikaans par Georges Lory)

En commandant un double Jack au barman du Fireman’s, Benny Griessel fout délibérément en l’air six cent deux jours d’abstinence. Mais il a besoin de vacances parce que, même si son collègue Cupido Vaughn lui a épargné la vision de la scène, ce n’est pas rien de savoir que son vieux copain Vollie, le plus chouette flic de la brigade, a tué femme et enfants avant de se donner la mort. Griessel, en vrille, n’est donc pas d’un grand secours pour Cupido lorsqu’on retrouve le cadavre d’Ernst Richter. Au fil de l’enquête, il semble bien que Richter, fondateur du site alibi.com qui fournit des alibis aux abonnés désireux de tromper leur conjoint en toute impunité, était complètement parti en vrille aussi ! Et si le viticulteur François Du Toit a besoin des services de Maître Susan Peires, c’est probablement que, pour lui aussi, les choses partent en vrille ! Meyer aime l’informatique et le bon vin. Du coup, il fait se croiser, pour le pire, le monde viticole sud-africain et une start up de l’informatique particulièrement contestable. Meyer dépeint, avec brio comme toujours, une société où la violence  est omniprésente, même dans un secteur sensé ne produire que du plaisir comme celui du vin !

Le lecteur de cadavres

Antonio Garrido (Grasset 2014, Livre de poche 2015, traduit de l’espagnol par Nelly et Alex Lhermilier)

Pour son deuxième roman, Garrido rejoue avec maestria la carte du thriller historique (voir d’ailleurs sur le sujet la très intéressante note d’auteur en postface) basé sur la biographie d’un personnage réel, Song Cí, premier légiste connu dans l’histoire du monde, qui officiait en Chine au XIIème siècle. Ce très gros récit (700 pages !) est passionnant de bout en bout grâce à la mise en scène romanesque sur laquelle Garrido s’appuie pour faire de la vie de Cí une succession d’aventures étonnantes, plein d’émotions et de suspens mais aussi révélatrices des mœurs et de l’ambiance de l’époque. Ce qui frappe d’ailleurs, c’est la façon dont Cí a réussi à imposer ses méthodes innovantes et ses approches scientifiques imaginatives dans une société aussi rigide et réglée par tant de lois sociales, morales ou religieuses plus contraignantes les unes que les autres. L’imagination au pouvoir avant l’heure ! Et une totale réussite littéraire !

 La porte

Magda Szabo

La romancière hongroise décédée en 2007 à l’âge de 90 ans, avait commencé à écrire dès son plus jeune âge mais elle ne connaîtra le succès que dans les années soixante, lorsque le régime communiste s’assouplira suffisamment pour la sortir de la relégation en lui attribuant le prix Attila-Josef en 1959. Auteure de plusieurs romans (publiés chez Viviane Hamy) elle reçoit le Prix Femina étranger en 2003 pour La Porte. Ce texte (clairement autobiographique) raconte les relations fortes et parfois conflictuelles d’une écrivaine et de sa domestique, l’autoritaire et secrète Emerence. La narratrice, plongée entièrement dans son art et incapable de s’occuper du ménage en même temps que de son écriture, laisse le soin à Emerence de gérer la maison. L’étrange vieille femme, qui interdit à quiconque d’entrer dans sa loge ou même d’en ouvrir la porte – mais quel mystère se cache donc derrière cette porte ? -, est une figure tutélaire dans le quartier où elle joue un rôle presque maternel dans la vie de chacun des habitants. Et bientôt elle va prendre une place inattendue dans celle de l’auteure. De confrontations en moments intimes, de violences verbales en compréhension mutuelle, les deux femmes vont construire une relation qui finira au bout de 20 ans en amour quasiment filial. Ce roman d’analyse qui décortique la relation de dépendance entre deux personnes est un vrai bijou d’émotion non exempt d’humour.

 El mal camino

Mikel Santiago (2016, Ediciones B)

L’an dernier, à pareille époque, je parlais ici d’un roman noir espagnol que j’avais beaucoup aimé, La última noche en Tremore Beach, premier roman de Mikel Santiago (2014, Ediciones B)*. J’avais dit tout le bien que je pensais de l’histoire de ce compositeur en mal d’inspiration, réfugié dans un cottage irlandais et qui se retrouvait, bien malgré lui, emporté dans une complexe affaire de règlement de comptes. Dans ce nouveau roman, le personnage central, Bert Amandale, est un auteur de thriller, riche et célèbre, qui a décidé, en accord avec sa femme Miriam, de venir vivre à Saint-Rémy, dans le Sud de la France pour éloigner sa fille Britney de ses relations londoniennes très peu recommandables. Son ami d’enfance, irlandais comme lui, Chucks Basil, star du rock en mal de création depuis l’accident qui a coûté la vie à sa jeune femme, est venu aussi s’installer dans une propriété provençale où il a installé un époustouflant studio d’enregistrement, car l’inspiration est de retour. Les choses vont pour le mieux, jusqu’au soir où tout bascule : en rentrant d’une soirée (trop) arrosée avec Bert, dans un virage à la hauteur de la célèbre clinique van Ern, Chucks renverse un piéton et s’enfuit lorsque l’homme, apparemment terrorisé, meurt dans ses bras en lui murmurant le mot « ermitage ». Pris de remords, Chucks revient un peu plus tard sur les lieux et n’y trouve aucune trace ni du corps ni de l’accident ! Chucks finit par raconter cette histoire à Bert et lui confie aussi qu’il pense être suivi et surveillé. Pour les deux hommes le cauchemar commence. Et pour le lecteur la nuit blanche est assurée car on ne peut pas lâcher ce roman constamment tiraillé entre suspens et émotion, dont le décor de rêve autant que les personnages à l’apparence raffinée se déconstruisent peu à peu jusqu’à se déliter dans une angoissante oppression qui vous accompagne encore, une fois le livre refermé.

*Paru en 2016 chez Actes Sud, traduit de l’espagnol par Delphine Valentin.

 Le lagon noir

Arnaldur Indridasson (Editions Métailié 2016, Points 2017, traduit de l’islandais par Eric Boury)

1973.Un ingénieur islandais est retrouvé mort dans le Lagon bleu, ce lac artificiel créé à la suite de l’installation d’une centrale thermique. Ses blessures pourraient laisser croire qu’il est tombé du ciel mais aucun avion n’a été signalé au-dessus du lagon à l’heure de la mort présumée ! L’enquête va très vite s’orienter vers la base américaine installée aux abords de Reykjavik, ce monde à part greffé sur le sol islandais pour les besoins de la guerre froide. Règlement de compte entre espions ? Affaire de trafic ? Vengeance de dealers floués ? Le mystère auquel Marion et Erlendur Sveinsson, jeune enquêteur de 33 ans, sont confrontés semble entier. En même temps, Erlendur entreprend de rouvrir le dossier de Djagbört, cette jeune fille de 18 ans s’est volatilisée 25 ans plus tôt, sur le chemin de l’école. Et les disparitions c’est l’obession d’Erlendur depuis celle de son jeune frère dans une tempête. Mais les solutions seront, comme toujours, là où on ne les attend pas : au plus près de la banale quotidienneté des êtres. Indridasson, à l’origine, est historien. Chacun de ses ouvrages – toujours passionnants – ouvre une page différente du passé de l’Islande traversée par la nostalgique obstination d’Erlendur.

 Sombre est mon cœur

Antti Tuomainen (Fleuve noir 2015, Pocket 2017, traduit du finnois par Alexandre André)

Aleksi Kivi a attendu 20 ans mais, aujourd’hui, au moment de prendre ses fonctions au manoir de Kalmela, propriété du millionnaire Henrik Saarinen, il sait que ses recherches sont près d’aboutir. Car, depuis 20 ans, il cherche des explications à la disparition inexpliquée de sa mère, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Le moindre lien avec une autre affaire ou avec des personnes qui, d’ailleurs, n’ont rien à voir entre elles, le fait avancer dans son minutieux travail de reconstitution qu’accompagne le vieux flic jadis chargée de l’enquête, Ketomaa. Mais les êtres humains ont leur faiblesse et Aleksi n’échappe pas à la règle quand il se laisse séduire par Amanda Saarinen, la sulfureuse fille de son patron. Pourra-t-il dépasser les apparences et découvrir la vérité à la fois si proche et si éloignée de ce qu’il croyait ? Ce qui frappe ici c’est la qualité de l’écriture (et donc de la traduction !) et de la construction du récit qui font de ce roman un vrai plaisir de lecture au-delà de la simple résolution de l’enquête.

 Je voyage seule

Samuel Bjork (J.C. Lattès 2015, Pocket 2016, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud)

Une petite fille dans une jolie robe de poupée, son cartable accroché sur le dos, une pochette autour du cou, comme des documents de voyage, et dedans un papier qui précise « je voyage seule ». C’est une découverte étrange d’autant plus que la fillette est pendue à un arbre. Quand il se retrouve chargé de l’affaire, le commissaire Holger Munch n’imagine pas à quel point elle va remuer son existence. D’abord, il est obligé d’aller rechercher son étrange collaboratrice, la profileuse Mia Kruger, peu disposée à revenir parce qu’elle a planifié son suicide pour les prochaines heures. Mais c’est le genre de chose que l’on peut postposer surtout lorsque Mia découvre un signe sur l’ongle de la fillette qui annonce une longue série d’autres meurtres à la mise en scène identique. Et puis Munch doit revenir sur un cas vieux de quelques années, l’enlèvement d’un bébé qu’il avait dû classer sans suite, qui s’avère peu à peu lié à ces nouveaux meurtres. Alors, entre sa mère placée en maison de retraite, sa fille qui prépare son mariage, sa petite fille qu’il adore, et Mia, fragilisée, émettant des hypothèses farfelues qu’il a du mal à suivre, Munch gère l’enquête du mieux qu’il peut. Et si la clé de toute l’affaire se trouvait dans la peinture de son homonyme, Edvard Munch ? Histoire complexe mais passionnante de bout en bout, ce premier roman de Samuel Bjork annonce sans conteste l’arrivée d’une nouvelle voie dans le polar nordique.

 Les impliqués

Zygmunt Miloszewski (Editions Mirobole 2013, Pocket 2016, traduit du polonais par Kamil Barbarski)

Il n’y a pas d’hommes mauvais, il n’y a que des impliqués. Placée en exergue des premières aventures du procureur Teodore Szacki, cette étonnante citation de Bert Hellinger fonctionne comme une clé pour comprendre le titre autant que l’intrigue. En effet, le meurtre sur lequel enquête le jeune et fringant procureur à l’élégance décalée est commis à l’issue d’une séance de thérapie par constellation familiale inventée par Hellinger. Et la question sera de comprendre qui est impliqué dans cet acte, même et surtout les absents de la constellation, car la théorie du cambrioleur surpris par la victime bat très vite de l’aile. Tout l’intérêt pour le lecteur est aussi de découvrir à travers ce polar écrit dans une langue dynamique, parfois crue et pleine d’humour, la société polonaise du milieu des années 2000 encore fortement marquée par les pratiques du bloc soviétique et qui peine à entrer dans une modernité démocratique. Une vraie découverte, très plaisante et pleine de références aux années d’avant la chute du Mur, bien loin d’être effacées des mémoires.

Une vie entre deux océans

M.L. Stedman (Stock 2013, Livre de poche 2017, traduit de l’anglais –Australie- par Anne Wicke)

Pendant la Première Guerre, Tom Sherbourne s’est comporté en héros. Mais, pour cela, il a dû tuer plus d’hommes qu’il n’en a sauvés. Et, quand il rentre dans son Australie natale, cet homme d’honneur n’a qu’une idée en tête: sauver autant de vies que possible, ne plus être la cause de la moindre souffrance. Aussi accepte-t-il sans hésiter lorsqu’on lui propose un poste de gardien de phare sur la lointaine et désertique île de Janus. Parce que la lumière de cet immense phare blanc et la régularité quasi obsessionnelle de l’entretien et du suivi qu’il exige font de Tom le garant de la vie des marins qui passent au large. Pendant une permission annuelle, il s’éprend d’Isabel qui partage ses sentiments et accepte de le suivre sur Janus. A leur grand désespoir, Izz va faire des fausses couches qui la laissent au bord de la dépression. Quelques jours seulement après la perte de son troisième bébé, un dinghy accoste sur l’île avec, pour seuls passagers, un homme mort et un bébé qui pleure de faim. Izz persuade Tom de ne rien dire et de garder l’enfant. Par amour pour elle, il cède. Il est loin d’imaginer les tourments qui vont assaillir cette nouvelle famille ! Peut-on vivre en ayant rompu la promesse que l’on s’était faite à soi-même ? Peut-on sans conséquence tordre la routine salvatrice ? L’amour pour un enfant peut-il tout justifier ? Même le mensonge ? Même la souffrance de sa vraie mère ? Le premier roman de M.L. Stedman est une totale réussite. Passionnant de bout en bout, cette saga familiale qui court sur 25 ans fait découvrir au lecteur la terrible société de l’Australie de l’entre-deux guerres et la vie d’un phare devenu le seul repère de son gardien, intègre mais désorienté.

Te laisser partir

Clare Mackintosh (2016, Hachette livre Marabout, traduction de l’anglais par Mathieu Bathol)

En matière d’enquête, Clare Mackintosh sait de quoi elle parle, elle a passé douze ans dans la police. Et ça se sent. Son premier roman, Te laisser partir, traduit dans 30 langues, est une totale réussite. J’apprécie énormément les auteurs de romans (et pas seulement policiers) qui ne laissent rien au hasard, construisent leur intrigue sur un principe (ici l’alternance des points de vue entre les personnages qui permet de passer du je au il et au tu découvrant ainsi les significations multiples d’une même situation) et la structurent sur des moments forts qui font basculer l’imagination du lecteur. Il m’est absolument impossible de raconter l’histoire sous peine de briser un réel plaisir de lecture à rebondissement. Le récit commence sur un accident de la circulation, à Bristol, dans lequel le petit Jacob, 5 ans, perd la vie parce que le conducteur (ou la conductrice ?) s’enfuit sans apporter l’aide qui l’aurait sauvé. La mère, toute à l’horreur de la situation, n’a rien vu, les rares témoins n’ont saisi que des éléments inexploitables, il n’y a aucune piste et au bout de quelques mois le capitaine Ray Stevens est sommé de classer l’affaire. Mais Kate, la jeune inspectrice, s’acharne, sur son temps libre, et d’autant plus que la mère de Jacob est introuvable ! Une fois la dernière page tournée sur un ultime frisson, on comprend toute la polysémie passionnante du titre qui m’avait semblé au départ totalement niais. C’est exactement la leçon de ce roman : la plupart du temps, les apparences nous trompent !

Plateau

Franck Bouysse (La Manufacture de Livres et 2017, Livre de Poche)

Les dernières flammes d’une très ancienne vigueur…

Je ne connaissais pas Franck Bouysse. J’ai pris son livre au hasard, dans le focus que le Livre de poche proposait sur des auteurs de polars français et que j’ai évoqué ici dans mes petites alertes aux livres (colonne de gauche, regardez bien !)

Je ne connaissais pas Franck Bouysse et si j’ai choisi son livre, c’est parce que, sur la quatrième de couverture, j’ai lu une critique dithyrambique publiée dans Télérama et que j’apprécie les critiques de Télérama.

Je ne connaissais pas Franck Bouysse et quand j’ai ouvert son livre je ne m’attendais pas à grand-chose, rien de plus qu’un polar à la française, bien ficelé sans doute, où l’enquête menée par un flic probablement décalé finirait par se résoudre sur un retournement de dernière page.

Alors, j’ai ouvert Plateau sans a priori et sans autre attente qu’un moment de lecture, parce que lire m’est aussi indispensable que l’air, que je lis partout et souvent n’importe quoi, pour lire, juste pour lire donc pour respirer, ou pour m’insérer dans des vies au fil des lignes, comme un voyeur de mots.

Bref, j’ai ouvert Plateau et je me suis laissé désarçonner par les premières pages avant d’entrer de plain-pied dans un texte magnifique, hors du temps, qui dépiaute le monde du Plateau de Millevaches comme on éviscère les lièvres et les poulets. L’intrigue, ici, en deviendrait presque secondaire, comme ces hommes qui heurtent leur vie à l’indifférence anthropophage du Plateau. C’est le Plateau, omniprésent, qui joue le premier rôle. Ce Plateau d’où l’on veut s’enfuir ou que l’on veut protéger à tout prix, fût-ce celui de vies sacrifiées. C’est le Plateau qui dicte sa loi et il n’importe pas vraiment que ce soit Virgile, Karl, Georges et Cory dont les destins s’entrechoquent parce que la violence des pulsions ou les codes d’honneur sont généralement incompatibles et ne font que renforcer le pouvoir du Plateau. Comme sur le Plateau où rien n’est évident, là où la vérité se dissimule dans les broussailles, les grottes ou sous le gel, le récit se construit par allusions, sur des non-dits, des choses qui auraient dû être mais n’ont pas été ou n’ont pas pu être et dont on s’accommode. Jusqu’à l’explosion.

Mais ce qui m’a vraiment enthousiasmée, c’est l’écriture, forte mais ciselée, violente mais émue, aux métaphores tantôt délicates tantôt puissantes où les pulsations de la terre et du sang s’incrustent dans des images qui ébranlent. Une écriture qui mériterait sans conteste de trouver sa place dans une collection de littérature blanche.

Ainsi, parfois, très rarement, il y a des moments de lecture qui suspendent le temps, qui rassurent quant au pouvoir des mots et du style, un moment vital où l’esprit en redemande et repart, ragaillardi, vers d’autres pages noircies.

Deux gouttes d’eau

Jacques Expert (Sonatine, 2015 – Livre de poche, 2016)

Je l’avoue, je connais mal le polar ou le thriller français, en dehors des incontournables Lemaitre, Thilliez ou Chattam. Je me suis donc laissé tenter par un focus du Livre de poche sur des noms nouveaux pour moi, à commencer par celui de Jacques Expert. En réalité, en y regardant de plus près, je me suis rendu compte que j’avais vu l’adaptation télévisée assez convaincante de son roman Ce soir je vais tuer l’assassin de mon fils. J’en avais gardé un assez bon souvenir. Deux gouttes d’eau est parfaitement inracontable sous peine de gâcher la lecture, comme souvent lorsque le thème porte sur la gémellité. Ici, très basiquement, un crime atroce a lieu, le coupable est clairement identifié mais il clame son innocence et, problème de taille…, il a un jumeau totalement identique qui a pu, lui aussi, commettre le crime ! Le commissaire divisionnaire Laforge et son collègue Brunet sont confrontés à une situation labyrinthique, où les rebondissements succèdent aux révélations, aux mensonges, aux manipulations et aux erreurs d’enquête ! Ça se laisse lire, vite, c’est bien construit, on ne s’ennuie pas, mais voilà un texte qui, selon moi, ne révolutionnera pas le genre !

Mariachi Plaza

Michael Connelly (2016, traduction de l’anglais par Robert Pépin)

Dois-je répéter encore ici à quel point j’aime Bosch ? Et quand il enquête sur deux fronts à la fois, pour aider – couvrir ? – sa nouvelle collègue Lucia Soto et faire trembler les politiciens, on se prend à espérer que la retraite va être repoussée à 70 ans pour le seul flic de Los Angeles qui nous tienne en haleine depuis si longtemps ! A lire dès aujourd’hui, évidemment !

Snjór

Ragnar Jónasson, Points (Editions de La Martinière), 2016, Traduit de la version anglaise par Phlippe Reilly

Voilà encore un auteur amené par la vague islandaise du polar, après Arnaldur Indridasson, Arni Thorarinsson ou Yrsa Sigurdardóttir…

Snjór est le premier tome d’une série annoncée de cinq romans qui ont pour héros le jeune policier Ari Thór. Alors qu’il pensait, après sa sortie de l’école de police, rester à Reykjavik avec sa fiancée, il accepte le premier poste qui lui est offert, à Siglufjördur, dans le nord de l’Islande. Il découvre une ville oppressante, coincée entre montagne et mer, où il neige sans arrête et où, bien sûr, il ne se passe jamais rien. Soudain, les morts suspectes s’enchaînent. Arni Thór enquête et commet des erreurs de jeunesse mais sa candeur l’aide aussi à repérer les mensonges et à pénétrer les secrets les plus anciens et les mieux enfouis d’une ville pas si paisible que ça. C’est l’agent d’Henning Mankell qui a découvert l’auteur. Le quotidien britannique The Independent a sacré Snjór meilleur roman policier de 2015. C’est peut-être un peu excessif, mais la construction complexe d’histoires entrecroisées à la Adler-Olsen rend la lecture agréable et, une fois le livre refermé, nous laisse l’envie de savoir comment Ari Thór va se dépatouiller entre ses amours, ses enquêtes et sa carrière de flic. Réponse dans Mörk, sorti cette année aux Editions de La Martinière.

Un regret toutefois : quel dommage que la traduction française soit celle de la version anglaise ! Eric Boury était probablement trop occupé avec la nouvelle série d’Arnaldur ! Avis aux étudiants traducteurs ! Prenez l’option islandais !

Tu tueras Le père

Sandrine Dazieri

Colomba  Caselli est inspectrice de police en congé de maladie après que ce qu’elle appelle « Le Désastre » l’ait laissée brisée sur un lit d’hôpital avec 8 morts sur la conscience. Aujourd’hui, on peut croire qu’elle va mieux mais elle est toujours en proie à d’intenses crises d’angoisse. Aussi, lorsque son supérieur, le Commissaire Rovere, lui demande d’enquêter secrètement sur l’enlèvement (ou le meurtre ?) du petit Luca, c’est avec beaucoup de réticence qu’elle accepte. Et d’autant plus qu’il lui impose une collaboration avec Dante Torre, kidnappé il y a vingt-cinq ans et retenu dans un silo à grains pendant plus de 10 ans par celui qu’il appelle Le Père. La police a conclu que le coupable de l’enlèvement de Dante était XXX suicidé quelques heures avant son arrestation. Mais sur les lieux de la disparation de Luca, Dante a une certitude : c’est l’œuvre du Père ! Et il est donc bien vivant, comme il n’a cessé de le répéter depuis tant d’années. Evidemment, les enquêteurs et le procureur le traitent de fous et s’obstinent dans leur schéma initial en arrêtant le père de Luca. Petit à petit, Colomba se met à croire au récit de Dante et fait progresser l’enquête. Mais tout ce que Rovere, Colomba ou Dante pensaient avoir compris se met à évoluer dans un sens radicalement différent du kidnappeur en série soucieux d’assouvir ses pulsions ! Toutes les apparences sont trompeuses. Et quand le passé remue, personne ne sort indemne, même pas l’Etat ! 700 pages qu’on dévore (presque) d’une traite et qui, de rebondissement en découvertes, nous obligent à nous attacher à Dante et Colomba, dont les mal être respectifs finiront par construire une complicité efficace.   On attend le réxit de leur nouvelles enquête avec intérêt parce que celui-ci était un coup de maître qu’il sera difficile d’égaler !

L’homme qui voyait à travers les visages,

Eric-Emmanuel Schmitt (Albin Michel, 2016)

J’avoue d’emblée : j’ai lu le dernier roman d’Éric Emmanuel Schmitt, L’homme qui voyait à travers les visages,  parce que je suis Carolo et qu’il se passe à Charleroi. Parfois, les motivations sont bien faibles, je le reconnais.

Augustin Trolliet, piètre et pâle stagiaire au journal Demain de Charleroi, assiste malgré lui à un attentat commis par Hocine Badawi sur le parvis de la Basilique Saint Christophe, à la sortie d’un enterrement. 8 morts. Du jour au lendemain, alors que Charleroi, métaphore littéraire de Molenbeek, devient, pour tous les médias en mal de copie terroriste, le centre déglingué du monde, Augustin se retrouve, lui, en témoin privilégié qui révèle l’incroyable : il y avait deux terroristes ! Car Augustin possède le don secret de voir ce qui nous reste invisible : ces morts qui nous accompagnent parce qu’ils n’ont pas fini leur tâche auprès de nous ou parce que nous les convoquons. Et il a vu nettement celui qui accompagnait Hocine ! Grâce à sa nouvelle notoriété, Augustin parvient à interviewer Eric-Emmanuel Schmitt, l’écrivain célèbre dont la révélation mystique au désert de Charles de Foucauld est bien connue. Il l’interroge donc : la violence vient-elle de Dieu, comme le pense la Juge Poitrenot, ou vient-elle au contraire des hommes ?  Schmitt suggère bientôt à un Augustin quelque peu dépassé de tenter une expérience périlleuse qui le conduira à interroger un autre écrivain, auteur de trois livres célèbres, Dieu lui-même! N’est-Il pas le seul à posséder la réponse à toutes les questions? Et ne serait-il pas intéressant  de Lui demander en direct qui écrit vraiment quand Dieu écrit? Et celui qui lit les écrits de Dieu, lit-il vraiment ce que Dieu a écrit?

La première partie carolo-terroristico-fantastique du récit m’a laissée de glace. Juste pour le détail, parce que , donc, je suis Carolo et qu’on ne se refait pas… la Meuse ne passe pas à Charleroi, c’est la Sambre qui y coule (page 119), et c’est un soulagement quand le café Les Chevaliers de la page 246 reprend son vrai nom, Les Templiers, à la page 361, alors que nous l’avions reconnu dès le début de la description, au demeurant très juste!

Par contre, avec l’entrée en scène, pleine de dérision, du personnage de l’écrivain Eric Emmanuel Schmitt, commence une réflexion passionnante sur la violence faite aux hommes autant qu’à Dieu et en son nom, la religion, l’écriture, l’existence et la capacité d’être à soi-même, à travers des dialogues contradictoires époustouflants que j’ai lus et relus avec enthousiasme. C’est bien connu, Eric-Emmanuel Schmitt (l’auteur) est un lettré doublé d’un exégète des anciens et des textes religieux et philosophiques. Il informe autant qu’il raconte. En « humaniste forcené », comme il se définit lui-même, et qui  se veut chahuteur de conscience. Une petite déception de lecteur : depuis Benjamin Constant, le procédé du manuscrit écrit par un autre et reçu par la poste a été utilisé maintes fois, et le disciple candide mais néanmoins instruit, qui pose les bonnes questions, ainsi que les lettres postfaces qui éclaircissent le récit sont des trucs littéraires trop vus. Malgré cela, le mouvement de la réflexion est puissant et l’émotion si prégnante qu’on ressort de là  textuellement bouleversé.

Et, façon schmittienne,  je m’interroge: qui lit quand je lis du Schmitt ?

 

Le Fils

Jo Nesbo (2015, traduction du norvégien par Hélène Hervieu)

Un beau jour Sonny Lofthus, le junkie qui s’accuse de tous les crimes pour que ses doses massives lui soient livrées gratos dans sa cellule, se met à refuser le speed, le hasch et tous les autres produits qu’il absorbe d’habitude. En quelques jours, il décroche, se remet au sport et mieux encore … s’évade ! Pour réussir cette métamorphose, il faut avoir remplacé une drogue par une autre : l’amour, Dieu, un enfant ou, – et c’est le cas de Sonny – la vengeance. Car lui qui croyait être le fils d’un flic ripoux et lâche se retrouve, par le seul fait d’une confession murmurée à son oreille de junkie hébété, fils d’un héros trahi par son indic et assassiné par le gang du Jumeau! Et quand les premiers morts apparaissent, c’est l’inspecteur Simon Kefas, vieux flic désabusé et ancien partenaire du père de Sonny, qui enquête. Et qui comprend que Sonny mène sa croisade rédemptrice. Mais les évidences sont souvent trompeuses et le réseau que forment la pègre, les prisons, les flics et les politiciens n’est qu’un bourbier où se noie la vérité et où s’enlise le meilleur des hommes.

Comme toujours avec Nesbo, et pour l’immense plaisir du lecteur, le roman est aussi noir que ne l’est le monde et l’histoire complexe se ramifie sans cesse, mais les personnages les plus fragiles sont les plus attachants et … quelques lueurs finissent par nous rassurer sur la nature humaine.

Dans la ville en feu

Michael Connelly (2015, traduction de Robert Pépin)

La ville, c’est Los Angeles en 1992, lors de ces émeutes qui ont si fortement imprégné la mémoire de Michael Connelly autant que celle de son personnage Harry Bosch. Cette fois, c’est le meurtre non élucidé d’une journaliste danoise, survenu dans une ruelle sordide, pendant l’explosion de la ville, sur lequel se penche Bosch, désormais membre de l’unité des Affaires non résolues. Quand Harry rouvre un dossier vieux de 20 ans et y trouve des failles, même minimes, il s’y accroche. Et à plus fortes raisons si c’est lui qui, à l’époque, a mené l’enquête, trop superficiellement en raison des circonstances. Alors il va au-delà du meurtre, et trouve des êtres de sang et de souffrances, de violence, de cynisme, de douleur, parfois prêts à toutes les infamies. Ça ne peut pas ne pas remuer le lecteur, incapable de lâcher son livre.

Bon, je ne suis pas objective quand je parle de Bosch. Même vieux, même adouci par la paternité, même plus prudent, il reste Bosch et, sans discussion, je l’aime depuis la première ligne des « Égouts de Los Angeles »!

Après la nuit,

Chevy Stevens, (2016, traduction de Sebastian Danchin, Pocket)

Un bon conseil: n’ouvrez pas ce livre! Ou alors ne le faites que si vous avez plusieurs heures devant vous , des sandwiches tout prêts dans le frigo et si vous débranchez votre téléphone portable ou votre messagerie. Parce que dès les premières lignes, vous serez emportés par le mouvement de va et vient du texte entre plusieurs époques de la vie de Tonie, accusée du meurtre de sa sœur, condamnée à 18 ans de prison et à quelques heures de sa libération conditionnelle. Vous ne pourrez plus le lâcher! J’avais beaucoup aimé « Séquestrée », le premier roman de Chevy Stevens paru chez Pocket en 2013, mais ici elle ajoute à l’intrigue une dimension sociétale avec la peinture du milieu carcéral canadien et une photographie du monde des ados des années 90 d’une étonnante ressemblance avec celui d’aujourd’hui, qui rendent le roman encore plus interpelant.

 

Une main encombrante

Henning Mansell (Points, traduction d’Anne Gibson)

Je viens de lire Une main encombrante d’Henning Mankell dans la traduction d’Anne Gibson. Le bandeau orange posé par l’éditeur (Points) au bas de la couverture « une nouvelle enquête de Wallander ». Mais nous savons tous qu’il n’y aura plus, désormais, de nouvelle enquête de Wallander.

En fait, cette encombrante main c’est, comme le précise Mankell lui-même dans un bref avant-propos, une nouvelle écrite il y a longtemps et qu’il a retravaillée en vue d’une publication séparée. Le récit se situe juste avant L’homme inquiet, dernier volume consacré à Wallander.

Pour moi, perdre Mankell à la suite de Wallander a été comme être condamnée à la double peine : c’était perdre à la fois le témoin lucide et l’obsédant chercheur de vérité. Lire Une main encombrante y ajoute une frustration. Celle du rêve devenu à jamais impossible : voir un jour Wallander heureux.