Peinture américaine des années 30

A Paris et jusqu’au 30 janvier 2017, se tient une exposition surprenante intitulée The Age of Anxiety, La peinture américaine des années 1930 que l’Art Institute of Chicago présente en Europe, en collaboration avec, actuellement, les musées d’Orsay et de l’Orangerie de Paris et, ensuite, avec la Royal Academy of Arts de Londres. La cinquantaine d’œuvres réalisées pendant la décennie précédent la deuxième guerre mondiale sont organisées par thèmes pour permettre au visiteur européen, probablement moins au fait des enjeux, de comprendre la réalité d’un art produit dans le sillage du krach de 1928. Donc, après une salle d’introduction où l’on peut voir pour la première fois en en Europe l’iconique tableau de Grant Wood, American Gothic, six zones, plutôt que des salles à proprement parler, qui abordent successivement les thèmes suivants : les dégâts de la puissance industrielle (exceptionnelle lumière des Roustabouts de Joe Jones, 1934) face à la terre rassurante et séduisante (Haystack, tempera avec glacis à l’huile de Thomas Hart Benson, 1939) , la ville spectacle et ses bars (naïf Street Life Harlem William H. Johnson, 1939 ) presque aussi attrayants que ses cinémas (le nostalgique New York movie de Edward Hopper, 1939) , l’histoire comme refuge (Daughters of revolution, Grand Wood, 1932 ) , les cauchemars de la récession et les inquiétudes face aux fascismes de tous bords (The Eternal City de Peter Blume,1934-1937 ) pour s’achever sur l’attrait contradictoire entre l’abstraction à la Pollock (Untitled, Pollock 1940) et l’hyper-réalisme d’Hopper (Gas, Hopper, 1939) . En somme une production assez peu en recherche de nouvelles formes – l’art américain de l’époque est en tourmente lui aussi – mais, au contraire, des œuvres très imprégnées d’histoire et surtout construites comme outil de dénonciation de la situation sociale chaotique de la décennie post-krach. Fait rare, l’important paratexte (cartels, panneaux, plan, guide du visiteur, etc.) qui entoure l’exposition éclaire le sens sans alourdir la visite.

Découvrir cette production américaine des années 30 s’est révélée d’autant plus intéressante qu’elle présentait des œuvres qui, historiquement, avaient été produites juste avant celles proposées l’an dernier dans l’inoubliable exposition PHOTOREALISM. 50 Years of Hyperrealistic Painting au Musée d’Ixelles. Là, les projecteurs se braquaient sur la production hyperréaliste des peintres américains au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Dans leur style photographique eux aussi critiquaient la société américaine devenue une société de consommation débridée. Certaines des toiles présentées à l’Orangerie montrent d’ailleurs clairement l’amorce de cette approche (Wrigley’s de Charkes Green Shaw, 1937).

Mes deux coups de cœurs : le délicat trompe l’œil du Double portrait of the artist in time de Helen Lundeberg, 1935, et l’impressionnante composition du Church Supper de Paul Sample, 1933.

Il ne vous reste que quelques jours pour  voir l’exposition à Paris. Elle sera ensuite présentée à Londres, et probablement avec des toiles supplémentaires!

 

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