Le temps des expositions était revenu! Mais un autre virus au nom en forme de lettre grecque – ou pas -semble bien devoir emmener le cours de nos vies vers un autre delta. Faudra-t-il vivre seulement de souvenirs?
Jusqu’au début du mois d’octobre le Musée Groeninge de Bruges présentait Lemon Drizzle, une exposition consacrée à Sanam Khatibi. Cette artiste belge a reçu une éducation internationale puisque, d’origine iranienne (Téhéran, 1976), elle a vécu au Danemark et en Angleterre avant de s’installer il y a 33 ans à Bruxelles pour y vivre et y travailler. C’est sans doute ce qui explique la dimension universelle de ses toiles.
Sanam Khatibi a participé à de nombreuses expositions collectives de par le monde (Paris, Florence, Mexico New York, par exemple) mais elle a aussi proposé des expositions en solo comme Cyanide, dans la galerie bruxelloise qui la représente, rodolphe janssen, ou De ta salive qui mord au BPS 22 de Charleroi. Et les projets ne manquent pas. Mais cette exposition à Bruges devait lui tenir particulièrement à cœur, puisqu’elle est titulaire d’un master du Collège de l’Europe, situé à deux pas du Musée Groeninge !
Dans Lemon Drizzle, elle proposait deux très grandes toiles, une dizaine de natures mortes, une installation. Les toiles, immenses, présentaient, dans des à plats de couleurs pastel presque transparents, de grandes femmes nues dans un décor qui n’est pas sans évoquer des épisodes mythologiques. Autant dire tout de suite que ce n’est pas ce qui a retenu mon attention. Je venais très clairement pour les natures mortes et je n’ai pas été déçue.

La première surprise vient des très petites dimensions des toiles exposées. La plus grande ne doit pas dépasser 40/30 cm et les plus petites, plus fréquentes, oscillent, au jugé, entre 20/15 et 30/20.

C’est dire si la précision du travail est extraordinaire. Les compositions mettent en scène, autour d’un vase chinois ou japonisant, des oiseaux, des lézards, des coquillages, des fleurs et un crâne tantôt sans le moindre artifices tantôt enturbanné de serpents.
Apparemment, dans un total dépouillement d’effets, sur un fond noir, dans une lumière assez diffuse mais qui impose au regard d’investir tous les recoins de la toile à la recherche des détails. Le tout recouvert d’un vernis qui donne à l’ensemble l’apparence laquée d’une œuvre asiatique ancienne.

Ici, l’esprit des vanités du XVIIème est détourné pour faire une ode au vivant : l’ordre animal, le végétal, le minéral transcendent l’humanité, certes, mais l’art, symbolisé par les vases, artéfacts précieux, la rend pérenne, malgré tout. Un travail magnifique et inspirant.
Sanam Khatibi expose aussi depuis le 3 novembre et jusqu’au 6 février 2022 au Centraal Museum d’Utrecht (1 Agnietenstraat, 3512 XA Utrecht) : “Modern Love (or Love in the Age of Cold Intemecies”
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Photo Amélie Haut
Quelle belle analyse…pas surprise Amélie…
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Merci Christine pour ce fabuleux texte inspirant qui donne bien envie de la redécouvrir. Courage (ou pas) pour la foire ! Isabelle
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Merci Isabelle. Peindre – ou parler de peinture – reste encore le meilleur moyen pour évacuer les stress qui nous assomment par les temps qui courent!
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